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Tableau de langage assisté (TLA) : qu’est-ce que c’est ?

 

C'est une grille de communication spécifique à une activité. Plus précisément, il s’agit d’un tableau de symboles tenant le plus généralement sur une page. La taille de la grille (colonnes x lignes), et donc le nombre de symboles permis, peut varier selon les besoins/capacités du bénéficiaire et selon le contexte auquel se rapporte la grille. Sur le site Caausette, la plupart des TLA mis à disposition comporte +/- 20 symboles mais c’est un choix arbitraire !

 

Comment est organisé un TLA ?

 

L’organisation du TLA est à la fois :

 

  • schématique : les symboles, et donc le vocabulaire qu’ils portent, sont liés à une activité/contexte bien spécifique (ex. repas, routine d’hygiène, bricolage, lecture, jeu partagé,…). Il y a un thème.

  • syntaxique/sémantique : les symboles sont organisés en respectant le plus possible certains codes de notre langue orale, tel que l’ordre naturel des mots. Dans cette perspective, un tableau s’utilise selon le sens conventionnel gauche/droite. Cette organisation est soutenue par l’organisation des colonnes et l’utilisation d’un code couleurs. 

 

 

Au niveau des colonnes, il existe plusieurs façon de « catégoriser » le vocabulaire mais nous retiendrons ici l'organisation en colonnes inspirée du code Fitzgerald modifié et proposée par le manuel anglophone CHAT-now. Il suffit de l’adapter quelque peu à notre langue française (dont l’ordre des mots peut varier par rapport à l’anglais):

 

Les symboles représentant les mots/phrases très fréquemment utilisés seront placés en haut ou en bas de la grille, en évidence (ex. je ne sais pas, non,…). 

Ce n’est pas toujours facile de « ranger » le vocabulaire en suivant scrupuleusement l’organisation syntaxique par colonne, c’est normal ! L’important est de garder en tête le respect de l’ordre naturel des mots dans notre langue. S’il n’a pas encore été démontré que cette organisation syntaxique soutient directement l’apprentissage du langage pour le bénéficiaire, elle facilite grandement l’utilisation de la grille pour les partenaires de communication au moment de l’échange enrichi. Vous vous en rendrez compte au moment de l’usage répété des TLA… 

 

Au niveau du code couleur, il existe plusieurs conventions :

 

1° Code Fitzgerald modifié, à nouveau  (= code couleurs que nous utilisons sur Caausette)

 

 

2° Le code de Goossens, Crain et Elder (= code couleurs que vous retrouvez sur un outil de CAA tel que Proloquo2go). 

 

 

 

Utiliser un code couleurs n'est pas obligatoire, mais il peut constituer un coup de pouce visuel ! Il y a également différentes façons de mettre en couleur une cellule :

 

Source de l'image: praacticalaac.org

A l'heure actuelle, Il n’existe pas de consensus quant aux codes couleurs utilisés par les différentes firmes spécialisées dans le développement d’outils de CAA. Certains respectent l’un ou l’autre code précité, d’autres ont leur propre code arbitraire. 

 

Quels sont les avantages du TLA ? 

  • un TLA peut être un bon point de départ pour qui débute dans la mission « CAA » ! Pour le partenaire de communication (nous !), il permet de « se faire la main » face aux stratégies d’apprentissage de la CAA, comme la « modélisation ». La modélisation, au sens basique du terme, c’est fournir un modèle au bénéficiaire en utilisant soi-même l’outil de CAA devant lui, par exemple. Nous reparlerons plus en profondeur de cette stratégie d’enseignement et de ses variantes dans la section « boite à infos » !

  • la construction d’un TLA peut être rapide et économique (ex créer sa grille via un tableau word et la compléter via une banque de pictogrammes open-source comme Arasaac). Du coup, avant qu’un bénéficiaire ne puisse accéder à outil de CAA robuste personnel (ce qui prend parfois un moment…), il n’y a pas de temps mort puisque nous pouvons déjà mettre en place ce type d’exposition à la CAA ! 

  • l’usage d’un TLA peut offrir des opportunités d’exposition à un vocabulaire contextualisé et relativement diversifié, tant sur le plan du vocabulaire spécifique (= généralement les mots liés à l'activité-cible, ex. coloriage: crayon, bleu, tailler,...)  que du vocabulaire de base également intégré dans la grille (= ensemble de mots qui constituent 80% de notre communication quotidienne (ex. oui/non, moi, c’est, aller, quoi, ça, ici, plus, finir, autre,...)). 

  • puisque le TLA permet d’intégrer du vocabulaire de base, et donc d’autres catégories de mots que les noms (objets, jouets, nourriture,…), il soutient l’accès à d’autres actes de communication que ceux qui sont habituellement entrainés en pratique, comme la demande d’objets ou le choix. Autrement dit, le TLA, en offrant un panel de vocabulaire un peu plus diversifié (= mots de catégories variées), ouvre les possibilités sur le plan des messages communicationnels permis ! Un exemple, une grille intégrant les symboles représentant les jouets préférés d’un enfant va lui permet de demander l’un ou l’autre jeu, du moins de choisir parmi eux. Un véritable TLA, centré par exemple sur l’un des jeux appréciés par l’enfant, lui permettra d’en dire plus  (exemples:  demander un autre jeu quand il en a marre, signaler son tour, donner son opinion à propos du jeu,…). Nous ne réduirons pas sa communication à une demande ou un choix. 

 

Quelles sont les limites du TLA?

 

  • un TLA, puisqu’il est généralement relié à une activité bien précise et de format réduit, ne peut pas remplacer l’accès à un outil de communication robuste (= a minima, un système stable et organisé offrant un vocabulaire large et diversifié, permettant l’expression de messages très variés). Par définition, un TLA ne permet pas de communiquer suffisamment de messages dans suffisamment de contextes variés. Il ne peut donc pas être proposé en solo sur le long terme… Aussi, multiplier les TLA pour TOUTES les activités vécues n'est pas économique ou pratique pour le bénéficiaire, qui doit s'y retrouver en terme d'accessibilité! 

 

 

Voyez-vous d'autres atouts et limites? Donnez votre avis !

Enfin, d'où vient le TLA? 

“Tableau de Langage Assisté” vient de l’anglais “Aided Language Display” (ALD) et est issu de l’approche “Aided Language Stimulation” (stimulation langagière assistée) développée au début des années 90. Ce n'est pas récent ! Cette dernière se range parmi les méthodes d’enseignement dites “naturelles” car elle a la volonté de rester proche de la façon dont nous apprenons normalement le langage... Nous reparlerons rapidement de cette “méthode”, en même que de la modélisation citée plus haut, dans la “boite à infos”

 

 

Pour aller plus loin:

Pour celles et ceux qui ont envie d'approfondir la thématique, je propose les fiches suivantes: 

Sources: 

- Beukelman, D.R. & Mirenda, P. (2017). Communication Alternative et Améliorée (E. Prudhon et E. Valliet, trad).  Louvain-la-Neuve: De Boeck Supérieur. (Edition originale publiée en 2013). 

- Drager, K, Postal, V, Carrolus, L, Gagliano, C & Glynn, J. (2006) The Effect of Aided Language Modeling on Symbol Comprehension and Production in 2 Preschoolers With Autism. American Journal of Speech-Language Pathology, 15; 112-125.

- Goossens', C., Crain, S. and Elder, P. (1992) Engineering the pre-school environment for interactive, symbolic communication: 18 months to 5 years. Birmingham, AL : Southeast Augmentative Communication Conference Publications * clinician Series.

- Goosens' C., Crain, S., & Elder P. (1992). Communication displays for engineered preschool environments: Books 1 and 2. Solana Beach, CA: Mayer-Johnson. 

- McDonald, E. & Schultz, A. (1973). Communication board for cerebral palsied children. Journal of Speech and Hearing Disorders 38, 73-88. (Fitzgerald key). 

- G. Porter, & M. Cameron, (2007). CHAT-now manual: Children's Aided Language Tools. Australia: Communication Ressource Center - Scope

- https://praacticalaac.org/strategy/communication-boards-colorful-considerations/

- http://www.caapables.fr/wp-content/uploads/2017/03/Les-TLA-ALD-Article-complet-Mathilde-SUC-MELLA.pd

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